Explication des crédits auto gratuits à 0% sur les voitures
Depuis le 1er avril 2019, les sociétés de financement ne commercialisent plus la LOA à 0% pour l’achat de voitures, et ce comme elles l’avaient annoncé auparavant. La raison est que ce produit n'était plus rentable et menaçait leur viabilité, car la rémunération qu'elles percevaient auprès des concessionnaires était devenue de plus en plus faible.
Pour rappel, la LOA à 0% n'est pas vraiment un crédit gratuit. Au lieu d'accorder une ristourne au client pour achat au comptant, le concessionnaire verse une somme d'argent à la société de crédit pour que cette dernière applique à son client des mensualités égales au capital emprunté. Généralement, ce dernier est égal à la moitié de la valeur du véhicule, l'acheteur devant faire un apport personnel de 50%.
Sauf que certains concessionnaires continuent de communiquer sur des offres de financement à 0%. Il s’agit notamment de Renault à travers sa filiale de crédit à la consommation RCI Finance, de Toyota en partenariat avec Wafasalaf et d’Auto Nejma, également avec Wafasalaf. Parmi ces offres, il y'en a qui sont générales (toute la gamme et ouvertes dans le temps), d'autres sont limitées.
Comment expliquer cette situation ? Contactés par Médias24, des concessionnaires et des sociétés de crédit expliquent que pour maintenir l'offre du crédit auto gratuit sur le marché, certains concessionnaires ont décidé de prendre en charge la totalité du coût du crédit "normal" à la place de leurs clients. Ce coût est directement versé aux sociétés de crédit, en totalité. Rien ne change pour le client.
Changement de relation commerciale
Désormais donc, la société de financement débloque le montant du crédit au concessionnaire amputé de sa rémunération, autrement dit de la somme des intérêts et éventuellement des frais de dossier.
Dans l’ancienne configuration de la LOA à 0%, la charge du crédit gratuit était divisée entre la société de financement qui faisant un effort sur sa rémunération, le client s’il payait des frais de dossier et le concessionnaire qui récupérait ainsi une partie de sa ristourne. Ce schéma n’était plus tenable pour les sociétés de financement parce que le montant de la ristourne devenait de plus en plus élevé et les promotions s’étalaient pratiquement sur toute l'année.
Dans un cas particulier, la nouvelle relation n'est pas claire. C'est celui de Renault avec sa filiale RCI Finance. On ne sait pas qui prend quoi en charge. Contactée, la société a donné la réponse suivante: "RCI Finance Maroc a maintenu son dispositif de financement à taux 0% en LOA et crédit, au profit de tous les clients des marques Renault et Dacia. RCI Finance Maroc est un business model unique : c’est la seule financière exclusive de marque au Maroc œuvrant au sein d’une stratégie commune avec elle ».
Une nouvelle configuration qui n’arrange pas toutes les marques
Les concessionnaires automobiles ne peuvent pas tous s'offrir le luxe de proposer la LOA 0% à leurs clients. Et pour cause, accorder une ristourne allant de 6 à 9% à l’acheteur revient à réduire significativement leur marge. «Aujourd’hui, si je suis en mesure de faire une remise de 8% au client, je peux faire du crédit gratuit. Dans le cas contraire, je serais perdant», explique ce patron d’une marque automobile, qui ne propose plus de la LOA 0%.
Avant de communiquer leur décision au marché sur l’arrêt de leur participation aux frais de la LOA à 0%, les sociétés de crédit à la consommation ont tenu une réunion avec la Banque Centrale afin de lui présenter les raisons de ce choix, motivé par les pertes financières relatives à la LOA 0%. « La Banque Centrale a été, dès lors, d’accord pour arrêter toute relation basée sur un système de ristourne entre société de crédit à la consommation et concessionnaire. L’institut d’émission avait, d’ailleurs, adressé une précision aux concessionnaires sur leur publicité relative à la LOA 0%. Notre décision d’arrêter ce mécanisme et la communication de BAM autour de ce dossier est une pure coïncidence », affirme cet opérateur du crédit Conso.
Les concessionnaires dans la ligne de mire de BAM
Pour rappel, en décembre 2018, la Banque centrale avait saisi par écrit les concessionnaires automobiles sur deux points:
-Les affiches publicitaires : BAM a interdit aux concessionnaires de communiquer sur les offres de financement dans leurs publicités sans spécifier l’organisme de financement qui les accorde.
- Conformité légale des formules à taux 0 : La Banque centrale a également exigé des opérateurs de respecter les dispositions des articles 100 à 102 de la loi sur la protection du consommateur.
Selon l’article 100, "on entend par crédit gratuit, dans la présente section, tout crédit remboursable sans paiement d'intérêts".
L’article 101, quant à lui insiste que "toute publicité effectuée dans le lieu de vente comportant la mention "crédit gratuit" ou proposant un avantage équivalent doit indiquer le montant de l'escompte consenti en cas de paiement comptant. Toute publicité comportant la mention "crédit gratuit" doit porter séparément sur tout produit, bien ou service".
Enfin, l’article 102 dispose que "lorsqu’une opération de financement comporte une prise en charge totale ou partielle des frais de crédit, le fournisseur ne peut demander à l’emprunteur ou locataire une somme d'argent supérieure au prix moyen effectivement pratiqué pour l'achat au comptant d'un article ou d'une prestation similaire, dans le même établissement de vente au détail, au cours des trente derniers jours précédant le début de la publicité ou de l'offre. Le fournisseur doit, en outre, proposer un prix pour paiement comptant inférieur à la somme proposée pour l'achat à crédit gratuit ou la location".
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